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Innovation génétique et complexification du génome

Quel est le moteur de l’évolution ?

Lamarck pensait que les êtres vivants évoluaient en se transformant graduellement (conception gradualiste de l’évolution) parce qu’ils s’adaptaient à leur environnement. Ainsi les girafes ont un long cou parce qu’elles se sont progressivement mises à manger les feuilles en haut des arbres. Lamarck est à l’origine du concept d’évolution par adaptabilité autrement déclinée par " la fonction créé l’organe ". Le moteur de l’évolution est donc environnemental.
Darwin précise ce concept d’adaptabilité avec la sélection naturelle. Il s’appuie sur les thèses malthusiennes (économiste) en proposant que, non seulement l’organisme doit s’adapter à son environnement, mais que l’environnement sélectionne les individus les plus aptes.

Les découvertes successives en génétique au cours du 20ième siècle ont montré qu’on ne peut plus considérer l’environnement comme un moteur de l’évolution mais plutôt comme un acteur qui arrive en fin de processus.

L’évolution des êtres vivants s’observe par la diversité des êtres vivants, diversité qui est relative puisqu’à pondérer avec les également nombreuses ressemblances entre les êtres vivants. Comment proposer de nouvelles formes de vies à partir d’une seule, sans intervention de l’environnement ?

Les mutations permettent une innovation génétique

Un changement de séquence dans un gène est appelé mutation. Ce sont ces changements de séquence qui sont à l’origine de la variabilité observée entre les êtres vivants.

 

 

 

 

 

 

Les mutations se font au hasard : ce sont des " accidents " qui se produisent de manière aléatoire à certains moments de la vie cellulaire :

  Lors de la réplication de l’ADN avant que la cellule ne se divise en deux cellules filles. L’ADN (c'est-à-dire le programme génétique) d’une cellule de réplique (on pourrait faire l’analogie avec une " photocopie ") de façon à ce que les deux cellules filles héritent du même programme génétique que la cellule mère dont elles sont issues. La copie n’est pas toujours parfaitement identique à l’original. On compte, en moyenne une mutation pour un million de réplications (mais ce taux est variable selon les organismes). C’est dans cet unique cadre que l’environnement joue un rôle : les agents mutagènes augmentent le taux de mutation de l’ADN (mais il n’est pas responsable des mutations, il ne fait qu’amplifier le phénomène).

 

 

On voit sur l'électronographie de droite (document obtenu en microscopie électronique) qu'un chromosome (molécule d'ADN condensée) se réplique. Initialement constitué d'une seule chromatide, il passe à deux chromatides qui sont identiques en terme de séquence nucléotidique. Pour assurer cette réplication à l'identique, les deux chaînes complémentaires de l'ADN sont séparées puis servent, chacune séparément, de modèle pour reconstituer deux brins d'ADN complets. Toue cette opération se déroule avec l'intervention de nombreuses enzymes.

Lorsque l’organisme est soumis à des radiations, l’environnement est ici directement responsable des mutations qui n’auraient pas eu lieu en absence de ce type de rayonnement. Le taux de mutation dû aux divers types de rayonnement est difficilement quantifiable, surtout en ce qui concerne le rayonnement " naturel " (en dehors de la radioactivité issue de la technologie humaine).

Les mutations ne font pas apparaître de nouveaux gènes au sens strict du terme, mais de nouvelles versions de ces gènes que l’on appelle allèles. Un gène est en effet défini par une séquence particulière en nucléotides mais également par sa position précise sur un chromosome (filament d’ADN condensé). Donc deux séquences qui se trouvent à la même place, ou même locus, sur deux chromosomes identiques, correspondent au même gène .Si les deux séquences ne sont pas tout à fait identiques, c’est qu’il s’agit de deux versions du même gène, de deux allèles.

Nouveau problème : si les mutations font apparaître uniquement des nouvelles versions de gènes existants, alors les mutations font apparaître de nouvelles caractéristiques chez les individus d’une même espèce, mais pas d’espèce nouvelle. Cela restreint les modalités de l’évolution. Comment apparaît une nouvelle espèce ?

Les duplications permettent une complexification des génomes

La découverte de gènes différents (à des positions différentes sur le(s) chromosome(s) ) mais aux séquences très proches a permis de montrer que les gènes avaient la possibilité de se dupliquer. Les mécanismes de duplication des gènes sont maintenant connus (" accidents " de méiose…) : on a ainsi mis en évidence plusieurs familles de gènes, tous différents en terme de position sur le(s) chromosome(s), mais proches en terme de séquence. On parle d’ailleurs de " familles multigéniques " : tous les gènes d’une même famille multigénique sont le résultat d’une histoire évolutive dans laquelle, à partir d’un même gène ancestral (ou gène ancêtre) sont apparus plusieurs autres gènes par des duplications successives. Les gènes dupliqués évoluent alors indépendamment les uns des autres en subissant des mutations au hasard (cela renforce d’ailleurs la notion de hasard ou contingence puisque deux gènes ayant exactement les mêmes séquences, dans une même cellule, subissent des mutations différentes).

Résumons 

Les mutations des gènes font apparaître de nouvelles versions de ceux-ci : les allèles. On parle alors d’innovation génétique

Les duplications des gènes font apparaître de nouveaux gènes : des gènes dits homologues faisant partie d’une famille multigénique. On parle alors de complexification des génomes.

Les deux phénomènes sont indissociables pour rendre compte, d’un point de vue génétique, de l’évolution des êtres vivants avec d’un coté l’apparition de nouvelles espèces et de l’autre une diversité des individus d’une même espèce.